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Santé des personnes âgées

Soins de santé privés. Une fin en 2026 qui inquiète

02.11.2024

Au Québec, l'interdiction prochaine de recourir à la main-d'œuvre indépendante en soin de santé ne se limite pas aux hôpitaux et aux CHSLD. Cette restriction s'étend également aux soins à domicile, un secteur en forte croissance. Alors que le réseau de la santé se réjouit de cette décision, les comités d'usagers expriment leur crainte de perturbations dans les services.

Cette mesure est passée relativement inaperçue lors de l'adoption de la loi au printemps dernier visant à réduire la dépendance du réseau de la santé envers les agences de placement privées. L'objectif est d'éliminer complètement le recours à ces agences d'ici 2026, avec une mise en œuvre dès l'an prochain pour les grands centres urbains.

Dans le cadre de cette transition, un premier contrat pour l'embauche d'auxiliaires de santé et de services sociaux, des employés offrant des soins à domicile, à Montréal et à Laval, a déjà suscité des préoccupations au sein de l'Association des soins à domicile du Québec (ASDQ).

Alison Green, vice-présidente de l'ASDQ et PDG de l'agence Bien Chez Soi, a souligné les difficultés rencontrées depuis le 1er octobre, notamment des cas où les patients se retrouvent sans service ou où plusieurs préposés se présentent simultanément. Bien Chez Soi, à elle seule, assure des services à 4500 usagers chaque année, et elle estime que le réseau ne pourra pas absorber cette augmentation soudaine de demandes.

soins à domicile

Le Regroupement provincial des comités des usagers s'inquiète de l'impact de cette décision sur les personnes vulnérables, en particulier celles souffrant de déficience physique, qui sont déjà en situation de grande précarité.

Jusqu'à présent, les établissements de santé sous-traitaient la gestion des usagers à des entreprises privées, qui étaient responsables de l'organisation des services, de l'affectation du personnel et du suivi des soins. Avec les changements en cours, ces entreprises devront "prêter" leur personnel aux établissements de santé (CISSS ou CIUSSS), qui donneront ensuite les directives aux travailleurs.

Selon Mme Green, ce nouveau modèle risque de décourager le personnel, principalement composé de retraités du système de santé, et de perturber les usagers tout en réduisant l'offre de services. Elle affirme que ces entreprises sont des experts en optimisation des soins à domicile et apportent une réelle aide aux familles.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec a justifié cette décision en arguant qu'elle permettrait de mieux contrôler la qualité des services offerts et les qualifications du personnel. La ministre déléguée à la Santé, Sonia Bélanger, soutient que cette transition est nécessaire pour améliorer la qualité des soins à domicile et éviter les problèmes de communication.

Malgré l'objectif de mettre fin au recours aux agences de placement privées, le Regroupement provincial des comités des usagers reste préoccupé quant à la mise en œuvre de cette transition, affirmant que le ministère ne réfléchit pas suffisamment à son implantation.

Le gouvernement Legault mise sur le fait que cette décision incitera les travailleurs à revenir au sein du secteur public et mettra un terme à leur départ vers le secteur privé. La ministre Bélanger a également mis en place un projet pilote visant à alléger la charge de travail des intervenants en soins à domicile.

Selon une étude publiée en janvier 2022, les soins à domicile étaient l'un des secteurs du réseau de la santé où la dépendance aux agences de placement privées était la plus forte. En effet, plus de 27 % des heures travaillées par la main-d'œuvre indépendante en 2019-2020 étaient dans ce secteur. La loi prévoit des échéances différentes pour la fin du recours aux agences de placement privées par région.

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